Fédération européenne des journalistes https://europeanjournalists.org/fr Fédération européenne des journalistes Thu, 25 May 2023 14:23:40 +0000 fr-FR hourly 1 Appel : « Non, un tribunal de commerce ne peut pas violer le secret des sources des journalistes » https://europeanjournalists.org/fr/2023/05/25/appel-non-un-tribunal-de-commerce-ne-peut-pas-violer-le-secret-des-sources-des-journalistes/ Thu, 25 May 2023 14:23:40 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5329 Le tribunal de commerce de Rouen a ordonné à des huissiers de fouiller les mails d’une entreprise accusée d’avoir transmis des informations au journal Le Poulpe. La Fédération européenne des journalistes (FEJ) se joint à de nombreux médias et organisations de journalistes en France pour dénoncer cette atteinte manifeste au secret des sources, condition fondamentale d’un journalisme libre.

La loi sur la presse est une fois de plus contournée par la justice commerciale. Après le milliardaire Patrick Drahi contre Reflets-infos, puis l’homme politique Gaël Perdriau contre Mediapart, voici qu’une grande entreprise, le groupe Valgo, mobilise le tribunal de commerce de Rouen pour bafouer la liberté de la presse. Ces recours répétés à une justice commerciale ignorant tout des droits et protections du journalisme constituent une menace gravissime.

« Le Poulpe », journal d’information sur l’agglomération rouennaise et la Normandie, a publié en 2022 une enquête documentant de lourds soupçons sur la qualité de la dépollution menée par l’entreprise Valgo sur le site de l’ex-raffinerie Petroplus, où Amazon a renoncé à s’implanter, notamment en raison des révélations du journal. Le journal n’a appris que des mois plus tard, et par la bande, qu’il était menacé par une procédure visant à identifier ses sources.

Car l’entreprise Valgo n’a pas directement attaqué « Le Poulpe » mais une entreprise concurrente, la société Troletti, propriété du groupe de BTP Lhotellier, accusée de concurrence déloyale et dénigrement. Le tribunal de commerce de Rouen, à l’issue d’une procédure non-contradictoire, a repris pour l’essentiel l’argumentaire de Valgo pour aboutir à une décision ahurissante.

Dans une ordonnance du 29 septembre 2022, le président du tribunal de commerce ordonne à des huissiers de saisir documents, correspondances et mails de la société Troletti. Il s’agit clairement de tenter d’identifier les sources des journalistes. 

L’ordonnance précise qu’il s’agit de « rechercher et saisir les documents suivants sous format papier ou sous format numérique : l’ensemble des échanges de correspondance, sur support matériel ou informatique, entre Madame Laurence Delleur (journaliste autrice de l’enquête) et Monsieur Troletti, entre madame Laurence Delleur et un salarié de la société Troletti TP et entre Monsieur Gilles Triolier (journaliste du Poulpe) et/ou Monsieur Edwy Plenel (président de Mediapart qui avait repris l’enquête), d’une part, et Monsieur Troletti et/ou un salarié de la société Troletti TP, d’autre part, entre le 1er avril 2021 et le 20 février 2022 ».

L’ordonnance va jusqu’à détailler la méthode de chasse aux sources : « L’huissier pourra utiliser dans le cadre de ses recherches toute adresse email et effectuer toute recherche par mot-clé en utilisant toute combinaison entre lesdites adresses emails et/ou les noms de personnes désignées ci-avant avec les termes suivants : Valgo, raffinerie, Petroplus, hydrocarbures, laine de verre, stockage est, Le Poulpe, Mediapart ».

Le secret des sources est l’un des principes fondamentaux de la liberté de la presse. Il est affirmé dans l’article 2 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse : « Le secret des sources des journalistes est protégé dans l’exercice de leur mission d’information du public ». Il est conforté par la Cour européenne des droits de l’homme dans son arrêt de 1996 : « La protection des sources journalistiques est lune des pierres angulaires de la liberté de la presse ».

Le journal « Le Poulpe » n’a pas été officiellement informé de cette procédure. L’ayant appris incidemment des mois plus tard, son équipe a interrogé le président du tribunal de commerce qui s’est refusé à tout commentaire. Procédure secrète et non-contradictoire : c’est bien une justice discrétionnaire et liberticide que le tribunal de commerce a mis en œuvre, cédant sans retenue aux demandes du groupe Valgo. 

François Bouché, PDG de Valgo (600 collaborateurs, plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021), ne masque pas ses intentions d’en découdre. Interrogé par « Le Poulpe » avant la parution de l’enquête, il menaçait déjà de ruiner les ambitions économiques du média indépendant, avançant que des « actions juridiques pourraient avoir un impact sur les activités du Poulpe ». Depuis, il a annoncé son intention de poursuivre en diffamation le journal. Quant à l’enquête ordonnée par le tribunal de commerce, elle se poursuit dans le secret.

Signataires à l’automne dernier de l’appel « Drahi ne nous fera pas taire » pour protester contre ces recours aux tribunaux de commerce, appel signé par plus de cent médias indépendants, nous sommes pleinement solidaires des journalistes du « Poulpe ». Il revient aux pouvoirs publics de faire respecter la loi de 1881 en rendant impossible son contournement. Cette alarme, partagée par toutes les organisations de journalistes, doit être entendue. 

Premiers signataires

Médias

  • Politis
  • Rue89 Strasbourg
  • Rue89 Lyon
  • Street Press
  • Revue XXI
  • 6mois
  • La Revue dessinée
  • Topo
  • Marsactu
  • Reporterre
  • Le Bondy Blog
  • Disclose
  • Les Jours
  • Au Poste
  • Médiacités
  • Grand-Format

Organisations

  • Syndicat national des journalistes (SNJ)
  • Fédération européenne des journalistes (FEJ)
  • Benoît Huet, avocat spécialiste du droit de la presse
  • Le Fonds pour une presse libre

Pour signer cet appel

Vous êtes un média, une organisation de journalistes ou une association de défense de la liberté de la presse, vous pouvez signer cet appel en adressant un message à contact@fondspresselibre.org

 

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Turquie : La FEJ soutient les journalistes de l’AFP à Istanbul dans leur 7e jour de grève https://europeanjournalists.org/fr/2023/05/09/turquie-la-fej-soutient-les-journalistes-de-lafp-a-istanbul-dans-leur-7e-jour-de-greve/ Tue, 09 May 2023 09:44:54 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5322 Les journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) à Istanbul sont entrés dans leur 7e jour de grève pour demander des salaires plus élevés face à la flambée des prix. La Fédération européenne des journalistes (FEJ) exprime son soutien aux journalistes en grève et demande à l’AFP d’accorder sans plus attendre des salaires décents à ses employés. Un salaire juste n’est pas un privilège, mais un droit.

Le syndicat des journalistes de Turquie (TGS) a commencé la grève le 3 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, après avoir échoué à trouver un accord avec la direction de l’agence de presse mondiale, basée à Paris.

Les journalistes revendiquent une augmentation des salaires pour compenser l’inflation ainsi qu’un mécanisme de protection pour compenser l’érosion de la livre turque.

Le président du TGS, Gökhan Durmuş, a déclaré que les négociations avec l’AFP duraient depuis plus de trois mois, mais que l’entreprise avait ignoré les demandes liées à la crise économique qui a profondément affecté tous les travailleurs en Turquie :

“Nous avons fait tous les efforts possibles pendant les négociations collectives pour mettre fin à ce processus à la table des négociations. Cependant, nous n’avons pas pu persuader l’employeur d’accepter notre proposition visant à empêcher l’érosion de nos salaires. La Turquie est confrontée à une grave crise économique. Les hausses de prix sur les produits de consommation de base presque tous les jours causent un grave problème de subsistance. Nous exprimons en pourcentage de 300 les hausses de prix des produits de consommation les plus élémentaires et des loyers des logements au cours de l’année écoulée”, a-t-il déclaré.

Les syndicats de journalistes en France ont partagé des messages de solidarité sur Twitter pour soutenir leurs collègues turques dans leur lutte pour un salaire décent.

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France: plusieurs journalistes pris pour cible en marge de manifestations https://europeanjournalists.org/fr/2023/03/27/france-plusieurs-journalistes-pris-pour-cible-en-marge-de-manifestations/ Mon, 27 Mar 2023 15:49:40 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5317 Plusieurs journalistes ont été pris pour cible en marge des manifestations contre la réforme du régime des retraites qui agite la France depuis les discussions autour du projet de loi. La Fédération européenne des journalistes (FEJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) dénoncent des violences inacceptables perpétrées à l’encontre de leurs confrères et consœurs et réclament le respect de la liberté d’informer.

Les manifestations ont pris une autre tournure après l’utilisation par le gouvernement à l’Assemblée nationale de l’article 49, alinéa 3 de la Constitution française, signant ainsi un passage en force.

Près d’une dizaine de cas d’agressions de journalistes ont été relevés et partagés par la FIJ et la FEJ sur la plateforme Mapping Media Freedom ainsi que sur la plateforme du Conseil de l’Europe pour la sécurité des journalistes

Dans un communiqué publié le 23 mars, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a elle aussi déclaré être “inquiète de certains agissements des forces de l’ordre observés en particulier depuis le jeudi 16 mars”; des policiers étant à l’origine d’une part importante des violences subies par les journalistes.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), un des affiliés de la FIJ et de la FEJ, dénonceune grave atteinte à la liberté de la presse” et “réaffirme avec force qu’arrêter des journalistes est inadmissible, les placer en garde à vue l’est encore davantage.”

A Paris, le 17 mars, deux journalistes, Chloé Gence duMedia TV, et Paul Ricaud, journaliste indépendant, ont été placés en garde à vue. Une vidéo de l’arrestation de Chloé Gence a été diffusée sur les réseaux sociaux et montre un policier faisant usage de la force à l’encontre de la journaliste pour l’emmener au poste de police.

Le 20 mars, l’Assemblée nationale a rejeté deux motions de censure qui visaient à renverser le gouvernement et à rejeter le projet de loi. Le soir même, à Paris, le journaliste Thomas Dietrich (Le Media TV) qui couvrait les événements a reçu un coup de bouclier de la part d’un policier de la Brigade des répressions de l’action violente motorisée (BRAV). Un autre journaliste, Paul Boyer, a été attaqué et blessé par la même brigade le 23 mars. Il s’en tire avec une fracture à la main gauche, une plaie à la tête et  une interruption temporaire de travail (ITT) de quatorze jours.

Le 21 mars à Montpellier, Samuel Clauzier, journaliste au média indépendant Le Poing, et son confrère Ricardo Parreira, ont été mis en joue par un agent des forces de l’ordre.

D’autres cas de violation de la liberté de la presse ont été identifiés par des manifestants : le 21 mars, le vidéaste Philippe Laurenson, qui suivait le blocage des dépôts de carburant de Fos-sur-Mer, a été agressé. Sa caméra lui a été arrachée et a été détruite. Un de ses confrères photographe a été verbalement et physiquement attaqué au même moment.

Les deux Fédérations se joignent à leurs affiliés français SNJ, SNJ-CGT, CFDT Journalistes et Force Ouvrière, et apportent tout leur soutien aux journalistes attaqué.e.s dans l’exercice de leurs fonctions et rappellent aux forces de l’ordre et au gouvernement français que le droit à l’information n’est pas négociable en démocratie.

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Postuler pour la bourse “Médias locaux pour la démocratie !” https://europeanjournalists.org/fr/2023/03/23/postuler-pour-la-bourse-medias-locaux-pour-la-democratie/ Thu, 23 Mar 2023 16:47:29 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5314 Le nouveau programme de subvention “Médias locaux pour la démocratie” a été lancé aujourd’hui. Ce programme pilote de financement des médias va permettre un soutien financier à la hauteur de 1 200 000 euros dans les médias locaux, régionaux et communautaires d’intérêt public dans les régions d’Europe appelées “déserts d’information”.

Ces déserts d’information peuvent être une zone géographique ou administrative, ou une communauté sociale, où il est difficile voire impossible d’accéder à des médias locaux, régionaux et communautaires fiables, diversifiés et indépendants. En d’autres termes, les déserts d’information peuvent apparaître non seulement là où il n’y a pas de médias, mais aussi là où il y a des salles de rédaction accaparées par des intérêts économiques, politiques ou autres.

Les médias sélectionnés pour ce programme recevront également un soutien stratégique de la part d’experts du milieu, sous la direction d’International Media Support (IMS), en vue d’améliorer leur innovation journalistique, leur capacité organisationnelle et leur viabilité commerciale.

Qui peut postuler ?

Toute entité légale constituée avec un siège social dans l’un des pays de l’UE27, ou toute équipe de journalistes ayant une résidence légale dans l’UE27 (y compris les 9 régions ultrapériphériques de l’UE), peut déposer une candidature.

Quels sont les montants possibles ?

Nous demandons aux candidats de ne pas mettre en place un projet à partir d’un montant cible, mais de faire l’inverse : partir d’une proposition de projet pertinente, puis élaborer un budget réaliste. Le montant total disponible total à répartir est de 1 200 000 euros.

Quand est-il possible de poser sa candidature ? 

Le premier délai est le 25 mai 2023 et le second délai est le 28 septembre 2023.

La procédure de candidature, les candidats potentiels et les critères de sélection sont disponibles sur notre site Internet, dans la section Q&R. Un soutien pratique et des séances d’information en ligne seront proposés aux candidats potentiels au cours de la phase de pré-candidature. Inscrivez-vous à notre webinaire d’introduction en avril ici si vous avez des questions.

Le projet “Médias locaux pour la démocratie” est un projet de 18 mois cofinancé par l’Union européenne et lancé par un consortium de partenaires : la Fédération européenne des journalistes (FEJ), le Centre pour le pluralisme et la liberté des médias (CMPF), l’International Media Support (IMS) et le Journalismfund Europe.

En plus du programme de subventions, ces organisations entreprennent un programme à multiples facettes pour aider les médias locaux, régionaux et communautaires à lutter dans les déserts d’information en Europe, en fournissant un soutien financier, en renforçant les capacités organisationnelles et en menant des recherches permettant de faire un état des lieux de la situation sur le terrain.

Pour plus d’informations sur le projet #LocalMedia4Democracy, cliquez ici.

 

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France : Soutien à l’hebdomadaire Le Poher, visé par de nouvelles menaces de mort et une alerte à la bombe https://europeanjournalists.org/fr/2023/02/22/france-soutien-a-lhebdomadaire-le-poher-vise-par-de-nouvelles-menaces-de-mort-et-une-alerte-a-la-bombe/ Wed, 22 Feb 2023 13:44:06 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5300 L’hebdomadaire français Le Poher a été contraint de faire évacuer ses bureaux le 20 février 2023, à la suite d’un appel anonyme indiquant qu’une bombe avait été placée dans ses locaux à Carhaix. Bien qu’aucun dispositif explosif n’ait été trouvé, cet incident vient s’ajouter à plusieurs actes graves d’intimidation visant Le Poher ces dernières semaines. La Fédération Européenne des Journalistes (FEJ) se joint aux syndicats de journalistes français le SNJ, SNJ-CGT, et la CFDT-Journalistes pour exprimer sa solidarité avec les six salariés, et dénoncer les effets néfastes de ces attaques répétées sur le journal régional indépendant et ses journalistes.

Cette menace à la bombe est le dernier évènement d’une série remontant à octobre 2022. La rédaction avait reçu une lettre anonyme critiquant un article publié quelques jours auparavant par le journal sur le projet “Horizon”. Abandonné depuis, ce projet avait pour but d’accueillir des réfugiés à Callac, une ville de 2200 habitants. La lettre, non signée, était un texte tiré du site internet “Résistance Républicaine”, site anti-musulman lancé en 2009.

Quelques mois plus tard, fin janvier 2023, le rédacteur en chef Erwan Chartier-Le Floch recevait un email de menace, comprenant une menace de mort et de violentes insultes racistes. Cet email avait été envoyé à partir d’une adresse électronique composée de menaces directes.

Dans les deux semaines qui ont suivies cet incident, la rédaction a reçu un appel d’un interlocuteur anonyme, menaçant Chartier-Le Floch: “A quelle heure puis-je passer, et lui mettre une balle dans la tête ?”

“Ces menaces semblent faire partie d’une campagne d’intimidation de l’extême-droite”, a déclaré Erwan Chartier-Le Floch, dont la photo, ainsi que celle de la rédactrice en chef Faustine Sternberg, a été publiée sur les sites d’extrême droite “Riposte laïque” et “Résistance républicaine” le 8 février.

Dans le cadre de cette affaire, une journaliste de France 3 Bretagne, qui avait fait un reportage sur les menaces de mort adressées à l’hebdomadaire, a elle-même été harcelée et intimidée en ligne. Elle a déposé plainte le 16 février 2023 “contre X et contre le site Riposte Laïque pour injures publiques, menaces et propos sexistes”.

Le procureur de la République a confirmé que 12 plaintes avaient été déposées au total.

Le secrétaire général de la FEJ, Ricardo Gutiérrez, a déclaré : “Nous condamnons fermement ces intimidations et envoyons tout notre soutien à la rédaction. Nous demandons aux autorités de réagir rapidement pour assurer la sécurité des journalistes.”

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EMFA : La FEJ et 50 ONG demandent au Parlement d’aller plus loin https://europeanjournalists.org/fr/2023/02/15/emfa-la-fej-et-50-ong-demandent-au-parlement-daller-plus-loin/ Wed, 15 Feb 2023 09:34:26 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5291 La Fédération européenne des journalistes (FEJ), aux côtés de 50 journalistes, organisations de défense de la liberté de la presse et des droits numériques, sociétés civiles et syndicats européens, appelle les membres du Parlement européen à entamer le travail de co-législateurs en vue de l’implémentation d’une loi européenne renforcée sur la liberté des médias. La capture des marchés médiatiques entrave  la liberté et met en danger le pluralisme des médias, conditions inhérentes à une démocratie stable et à l’État de droit. Nous appelons les membres du Parlement européen à s’engager de manière constructive dans ce débat, afin de garantir que l’EMFA devienne une réglementation forte et cohérente, établissant des garanties juridiques harmonisées à travers l’Europe.

Nous leur avons envoyé la lettre suivante :

Chers Membres du Parlement européen,

Les soussignés journalistes, organisations de défense de la liberté de la presse et des droits numériques, sociétés civiles et syndicats européens, vous écrivons afin de renouveler notre soutien pour une  loi européenne pour la liberté des médias (EMFA) renforcée.

Nombreux sont les journalistes dans l’Union européenne se retrouvant sur des marchés médiatiques qui sont de plus en plus fréquemment capturés.  De par ce fait, les voix indépendantes sont mises à l’écart par une forte pression économique. Journalistes et médias doivent souvent se battre pour être financièrement viables. Les médias critiquant le pouvoir en place sont souvent discriminés par des politiciens de régimes oppressifs, qui bloquent l’accès à des ressources financières durables. D’autres sont contraints, à cause des pressions politiques, d’adopter la ligne éditoriale officielle. Les journalistes et médias critiques du gouvernement sont, en raison du rachat de médias influencés politiquement, minoritaires.

La liberté de la presse et le pluralisme des médias sont les préconditions à une démocratie stable et à l’état de droit. Les médias indépendants aident à former l’opinion publique, et ont une influence directe sur les résultats des élections.

L’EMFA cherche à protéger l’indépendance des médias en établissant des standards européens communs sur la liberté d’interférence éditoriale et de surveillance illégale, garantissant ainsi le pluralisme des médias en assurant une meilleure transparence sur les sujets de la propriété et des relations financières avec l’État et en mettant fin à l’abus de fonds publics utilisés pour créer des médias clientélistes. L’EMFA vise aussi à protéger l’indépendance des médias publics et l’indépendance des autorités nationales de régulation et veille à l’existence d’un environnement économique dans lequel le journalisme indépendant peut s’épanouir.

Ces sujets sont des sujets cruciaux, et nous appelons les membres du Parlement européen à s’investir dans ce débat fondamental afin de s’assurer que l’EMFA devienne une réglementation solide et cohérente, établissant des garanties juridiques harmonisées dans toute l’Europe.

Signataires :

Access Now, aditus foundation, ARTICLE 19, Association of European Journalists (AEJ Belgium), Association of European Journalists (International federation), Association of online publishers, CZ (AOV), Centre for Democracy & Technology, Europe Office, Civil Liberties Union for Europe (Liberties), Civil Rights Defenders, Civil Society Europe, Citizens Network Watchdog Poland, Coalition for Creativity (C4C), Committee to Protect Journalists, Daphne Caruana Galizia Foundation, DEMAS – Association for Democracy Assistance and Human Rights European Centre for Press and Media Freedom (ECPMF), European Federation of Journalists (EFJ), European Partnership for Democracy, European Public Service Union (EPSU), European Trade Union Confederation (ETUC), Free Press Unlimited (Netherlands), Global Forum for Media Development (GFMD), Global Media Registry (GMR), Helsinki Foundation for Human Rights (HFHR, Warsaw), Human Rights House Foundation (HRHF), Human Rights Monitoring Institute, Human Rights Watch, Hungarian Civil Liberties Union (HCLU), Institute of Public Affairs, Warsaw, International Federation of Musicians (FIM), International Partnership for Human Rights (IPHR), International Press Institute, Internet Society – Bulgaria (ISOC-Bulgaria), Irish Council for Civil Liberties (ICCL), Media Diversity Institute (MDI), Novinářský klub Jindřicha Oppera, z.s. (Henry Opper´s club of journalists), Osservatorio Balcani Caucaso Transeuropa (OBCT), Ossigeno.info, Poland’s Association of Journalists and Authors of the Public Radio, Warsaw Peace Institute, Ljubljana Public Media Alliance (PMA), Reporters Without Borders (RSF), Repubblika, Society of Journalists, Warsaw, South East Europe Media Organisation (SEEMO), Sindikat novinarjev Slovenije, Transparency International EU, UNI Europa (The European Services Workers Union), Wikimedia Europe, Wikimédia France

 

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Le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi doit être libéré immédiatement https://europeanjournalists.org/fr/2023/02/09/le-journaliste-franco-afghan-mortaza-behboudi-doit-etre-libere-immediatement/ Thu, 09 Feb 2023 11:03:36 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5287 Journaliste franco-afghan domicilié en France, Mortaza Behboudi a été arrêté le 7 janvier dernier à Kaboul, deux jours après son arrivée en Afghanistan pour un reportage, alors qu’il s’apprêtait à récupérer son accréditation presse. Il est à ce jour toujours détenu en Afghanistan.

Les syndicats français de journalistes le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT-Journalistes, le SGJ-FO, la Fédération internationale des journalistes et la Fédération européenne des journalistes s’associent à l’appel lancé de 15 médias et sociétés de production français ainsi que par plusieurs associations et institutions françaises exigeant la libération de Mortaza Behboudi, détenu arbitrairement par les autorités afghanes.

Le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT-Journalistes et le SGJ-FO – membres de la Fédération internationale des journalistes et de la Fédération européenne des journalistes – attendent des autorités françaises qu’elles mettent tout en œuvre pour obtenir la libération immédiate de notre confrère. Emprisonner un journaliste, c’est s’en prendre à la liberté d’informer et d’être informé.

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Position de la FEJ sur la législation européenne sur la liberté des médias https://europeanjournalists.org/fr/2023/01/19/position-de-la-fej-sur-la-legislation-europeenne-sur-la-liberte-des-medias/ Thu, 19 Jan 2023 13:46:39 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5279 La Fédération européenne des journalistes (FEJ) a publié sa position sur le projet de proposition de l’Acte européen pour la liberté des médias (EMFA), adoptée par son Comité de Direction à Bruxelles le 13 janvier.

Nous saluons l’initiative de la Commission européenne visant à renforcer le système de médias libres et pluralistes, ainsi que l’engagement à protéger les journalistes et l’indépendance éditoriale au sein de l’Union européenne, mais nous soulignons l’importance de mettre en place une meilleure protection, plus solide, de la liberté des médias et de l’indépendance éditoriale.

La FEJ propose des amendements devant impérativement être pris en compte par les co-législateurs, le Parlement européen et le Conseil européen : seule une loi renforcée sur la liberté des médias peut tenir les promesses faites.

Les points les plus importants sont les suivants :

  • La nécessité d’adopter une définition prospective et inclusive des médias et des fournisseurs de services de médias, conformément aux normes internationales ;
  • Le besoin d’améliorations concernant la protection des sources journalistiques, ainsi que le déploiement de tout logiciel espion, qui doivent être conformes aux normes internationales ;
  • L’importance de la confiance dans le journalisme, passant par l’adoption de règles contraignantes, communes et claires sur la transparence de la propriété des médias ;
  • Le besoin de renforcement des garanties d’indépendance des autorités réglementaires nationales ;
  • La nécessité de garantir l’indépendance totale du Conseil européen des services de médias face à la Commission européenne ;
  • L’évaluation des tests d’intérêt public des fusions de médias comme action minimale par le conseil d’administration, avec la participation de la société civile et des organisations de journalistes. Il s’agit d’une mesure essentielle pour lutter contre la capture des médias par magnats et oligarques des médias qui poursuivant leur propre agenda en dépit d’un journalisme d’intérêt public ;
  • Le besoin de mieux faire appliquer les règles existantes et celles plus nouvellement établies en matière de médias.

“A l’heure actuelle, la pérennité des médias libres est menacée dans de nombreux pays de l’UE. La proposition d’Acte européen sur la liberté des médias constitue une étape importante dans le renforcement de l’indépendance et du pluralisme des médias. Nous plaidons pour que de nombreux changements soient apportés. En acceptant les remarques et les propositions des organisations de journalistes, une EMFA renforcée peut contribuer à la défense du journalisme en tant que bien public”, dit Maja Sever.

Seul un texte révisé tenant compte des points susmentionnés peut contribuer efficacement à la défense du journalisme.

Lire la proposition dans son intégralité :

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La FEJ crée un groupe d’experts sur le genre et la diversité https://europeanjournalists.org/fr/2023/01/17/la-fej-cree-un-groupe-dexperts-sur-le-genre-et-la-diversite/ Tue, 17 Jan 2023 15:08:52 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5269 Suite à une décision de l’Assemblée générale d’Izmir (Turquie) en juin 2022, les membres de la Fédération européenne des journalistes ont décidé de créer un nouveau groupe d’experts sur les questions de genre et de diversité (Gender and Diversity Expert Group – GENDEG). La première réunion en personne a eu lieu le 12 janvier 2023 à Bruxelles.

Le groupe, présidé par Elena Tarifa (FeSP, Espagne) et Lina Kushch (NUJU, Ukraine), est composé de 13 autres représentants d’organisations de journalistes d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, de Bosnie-Herzégovine, de France, d’Italie, du Monténégro, du Portugal et de Suisse.

Cette première réunion a lancé les discussions autour des priorités, des objectifs, ainsi que d’un plan d’action pour l’année 2023. La sécurité des femmes journalistes, l’égalité des chances sur le lieu de travail, ainsi que la diversité dans les contenus médiatiques sont apparus comme des sujets clés pour la suite des travaux. Les membres ont également partagé leurs meilleures pratiques et outils utilisés au niveau national, comme Expertalia en Belgique, le Manifeste de Venise en Italie, les Centres de solidarité des journalistes en Ukraine, des études, des données disponibles, etc.

Le GENDEG travaillera en partenariat étroit avec le Conseil du genre de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), créé en 2001.

“Le GENDEG a été créé parce que, même si beaucoup a été fait, nous devons encore nous attaquer aux inégalités de genre et de diversité, tant dans les salles de rédaction que dans le contenu des médias. Les syndicats de journalistes ont un rôle majeur à jouer pour faire de ces questions des points d’action clés dans nos négociations collectives et dans notre travail quotidien en tant qu’organisations”, a déclaré Elena Tarifa.

Lina Kushch a ajouté que le groupe contribuera à sensibiliser aux inégalités et au manque de diversité sur le lieu de travail : “Nous devons formuler des messages simples et attrayants pour le secteur des médias sur les résultats que nous pouvons obtenir. Il est également important de soutenir les pratiques éditoriales positives, car l’égalité des sexes et la diversité rendent le processus de création de l’information, et la société dans son ensemble, plus durables et démocratiques”, a déclaré Lina Kushch.

Toutes les informations sur les activités du GENDEG seront publiées sur le site de la FEJ. Quatre autres groupes d’experts sont également actifs sur les questions liées à l’audiovisuel, aux journalistes freelance, aux droits d’auteurs et aux droits du travail.

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France : la FEJ apporte son soutien à Grégoire Souchay https://europeanjournalists.org/fr/2022/12/09/france-la-fej-apporte-son-soutien-a-gregoire-souchay/ Fri, 09 Dec 2022 13:38:27 +0000 https://europeanjournalists.org/fr/?p=5256 La Fédération européenne des journalistes se joint au syndicat SNJ-CGT pour apporter son soutien au journaliste Grégoire Souchay et à Reporterre, et dénonce la décision du procureur du tribunal correctionnel de Rodez de poursuivre le journaliste sans tenir compte de son statut professionnel.

Le 24 juin 2022, le journaliste Grégoire Souchay, pigiste chez Reporterre, a reçu une convocation au Tribunal de Rodez (Aveyron), pour une affaire datant de novembre 2021. Il devrait être jugé, car, selon la gendarmerie, il aurait « frauduleusement soustrait des sacs contenant des semences de colza » et « volontairement dégradé ou détérioré plusieurs sacs de semences ». Ces accusations font suite à la journée du 10 novembre 2021, lorsque Souchay couvrait une action des “Faucheurs Volontaires d’OGM”, un groupe d’activistes environnementaux. Sur le site de Calmont (12) de la RAGT, une firme semencière aveyronnaise, les Faucheurs étaient à la recherche de semences génétiquement modifiées devenues résistantes au pesticides. Au cours de cette action de désobéissance civile, plus de soixante activistes sont entrés dans les hangars et ont détruit des sacs d’engrais.

Le journaliste a réalisé un reportage sur cette action et son article est paru deux jours après, le 12 novembre 2021 : “En Aveyron, des activistes éventrent des sacs de « nouveaux OGM »”. Il était présent à l’intérieur du site de l’entreprise tout comme quatre autres journalistes de différents médias (AFP, Mediapart, photographes et vidéastes indépendants). Il est le seul, néanmoins, à avoir été entendu par la gendarmerie, et en tant que complice et non témoin des agissements des activistes, après que la RAGT ait porté plainte pour dégradation de matériel. D’abord convoqué au tribunal de Rodez ce 7 décembre en même temps que 28 Faucheurs Volontaires, l’audience se tiendra finalement le 7 juin 2023 sur demande de l’avocat des Faucheurs. Assigné en justice, les autorités n’ont pas tenu compte de son statut de journaliste, ne lui laissant pas l’opportunité de se présenter officiellement en tant que tel.

“Le problème que pose mon affaire,” dit Souchay. “C’est que c’est l’État, au travers du procureur, qui décide de remettre en cause le statut de journaliste de quelqu’un qui couvre une action environnementale. Notre travail déjà difficile dans le contexte actuel est maintenant remis en cause par la justice.”

Le journaliste réclame l’abandon pur et simple des poursuites. Sa cette situation n’est pas isolée. A Reporterre, média spécialisé sur les enjeux écologiques et environnementaux, deux autres journalistes ont été également inquiétés par la justice pour avoir suivi des actions de militants climatiques, condamnés cette fois par des amendes.

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